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ZOOM SUR UN GENRE : 10 FILMS DE MARIAGE À VOIR ET REVOIR


Les réunions de famille sont des événements qui inspirent beaucoup les scénaristes ! Le cinéma fait régulièrement du mariage ses choux gras notamment avec un nombre incalculable de comédies romantiques où les mariés sont tiraillés par le doute quand leurs ex refont surface ! C’est aussi le moment pour certains de régler leurs comptes avec leur famille, donnant d’autres comédies plus caustiques… Bref le mariage est une mine d’idées pour composer un beau divertissement ou une belle comédie dramatique. Le résultat n’est toutefois pas toujours à la hauteur des attentes, comme le prouve le nouveau film de mariage actuellement à l’affiche avec Robert De Niro "Un Grand mariage". C’est pourquoi Abus de ciné vous invite à (re)découvrir 10 films où le mariage est directement ou indirectement au cœur de l’intrigue, et qui nous ont laissé de beaux souvenirs de cinéma comme quand une cérémonie réussie nous reste longtemps en mémoire !


LA MARIÉE ÉTAIT EN NOIR (1967)
de François Truffaut

avec Jeanne Moreau, Michael Lonsdale, Claude Rich, Charles Denner, Michel Bouquet, Jean-Claude Brialy…


La vengeance est un plat qui se mange la bague au doigt. Pour François Truffaut, un seul mariage suffit à provoquer un enterrement. Épouse et veuve le même jour, sa mariée vêtue de noir, perd toute envie de vivre le plus beau jour de sa vie.
Sur les marches de l’église, face au photographe, son époux s’écroule, assassiné par une balle perdue. Résultant d’une plaisanterie stupide, le coup part d’un appartement où cinq célibataires imbibés se vantent de leur tableau de chasse autant féminin qu’animalier. Le vide béant laissé par cet « accident » aspire Julie Kohler à s’y jeter elle-même. Rattrapé de justesse par sa mère, elle se résigne à une toute autre forme de suicide : la vengeance !

Considéré comme le plus hitchockien des films de Truffaut (la musique a d’ailleurs été confié à Bernard Hermann, compositeur fétiche du maître du suspens), "La mariée était en noir" se construit autour d’une trame implacable, précise et appliquée.
Le cœur à présent froid, Julie Kohler (Jeanne Moreau), va éliminer impassible les cinq hommes, un à un, sans se soucier de savoir lequel a tiré le coup fatal. Un film incisif comme un coup de scalpel, où chaque mort est soigneusement préparé, ne laissant aucune part aux sentiments.
Il faudra attendre que Moranne (Michael Lonsdale) explique en détail l’accident pour que Julie se remémore les jours heureux, où enfant, elle jouait avec son défunt époux aux jeunes mariés. Une légère respiration dans ce chemin de croix meurtrier car comme elle précise à ses victimes « Pour vous c'est une vieille histoire, pour moi elle recommence toutes les nuits. »
Gaëlle Bouché

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LE BEAU MARIAGE (1982)
d’Eric Rohmer

avec Béatrice Romand, André Dussollier, Féodor Atkine, Arielle Dombasle, Sophie Renoir, Hervé Duhamel, Pascal Greggory...


Second métrage de la série « Comédies et Proverbes », réalisée dans les années 80, "Le Beau mariage" n’est pas à proprement dit un film sur le mariage lui-même. Bien que la seule représentation que nous en ayons ne soit pas celui du titre mais celui d’un vague personnage (le frère de la meilleure amie de l’héroïne), l’union conjugale est pourtant au cœur de tous les enjeux et discussions philosophiques qui composent le scénario.

Comme tous les films de Rohmer faits de décors pleins de références picturales et architecturales symboliques, de musicalités du verbe et d’attentions particulières portées aux gestes et mouvements des acteurs, "Le Beau mariage" cache derrière un sujet donné (ici, la volonté subite et farouche d’une jeune fille à se trouver un mari), une autre réalité. Aussi, il est évident que ce besoin immédiat de mariage dissimule, en fait, un profond désir de réformer son mode de vie afin de grimper dans l’échelle sociale.
Le mariage y est donc vu comme un moyen : celui du changement où les idéaux de toutes sortes (statut, ambitions artistiques) auront une chance de s’accomplir. Alors qu’il aborde des sujets tels que la dépendance au sein du couple, les rapports de force autour du mécanisme de séduction, "Le Beau mariage", œuvre purement « rohmerienne », brille par son marivaudage ludique et son ironie d’où s’échappe une certaine légèreté. Coup de cœur lors de sa sortie, "Le Beau mariage" reste, pour moi, un film à la thématique riche et attachante.
Christophe Hachez


QUATRE MARIAGES ET UN ENTERREMENT (1994)
de Mike Newell

avec Hugh Grant, Andie MacDowell, James Fleet, John Hannah, Kristin Scott Thomas, Charlotte Coleman, Rowan Atkinson, Simon Callow…


La pépite anglo-saxonne. « Fuck, fuck, fuck, fuck, fuck… » ce sont les premiers mots d’un film qui deviendra un vrai phénomène cinématographique ! Charles (Hugh Grant) et sa sœur Scarlett (Charlotte Coleman) sont encore en retard à un mariage, pire le témoin a oublié les bagues de fiançailles ! La scène restera elle aussi dans les annales avec l’échange des alliances qui ont pris la forme d’anneaux plus inhabituels !
"Quatre mariages et un enterrement" est la référence ultime du film de mariage pour tous les romantiques des années 90, amoureux de la haute société anglaise, de son humour et de ses grands chapeaux colorés.

Avec Richard Curtis au scénario (qui écrira d’autres grands succès "Bean", "Notting hill", "Bridget Jones", "Love actually"…), les séquences déchaînées s’enchaînent dans un rythme soutenu, les dialogues incisifs sont portés par des comédiens hors pair y compris par les excellents seconds rôles (dont Kristin Scott Thomas, 34 ans l’époque !).
Le film révéla également Hugh Grant dans un personnage qui deviendra par la suite une vraie marque de fabrique (grand timide, maladroit et au grand cœur). Un film de mariage à voir absolument avant d’organiser sa propre cérémonie pour éviter le pire (prêtre débutant, discours maladroits…) !
Mathieu Payan

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MURIEL (1994)
de Paul John Hogan

avec Toni Collette, Rachel Griffiths, Sophie Lee, Bill Hunter, Chris Haywood, Daniel Lapaine…


La contre comédie sentimentale. Le 26 octobre 1994 sortait sur nos écrans une comédie loufoque venue d’Australie "Muriel", un de mes films préférés traitant du sujet du mariage.
Le pitch ? Muriel, la bonne copine boulotte et pas très intelligente, tente par tous les moyens d’être semblable à ses comparses, et rêve du prince charmant et d’un grand mariage en blanc. Un jour, Muriel sort de son cadre familial et cloue le bec à ses prétendues copines quand elle leur annonce qu’elle va se marier, en plus avec un beau nageur sud-africain en quête de papiers australiens…

Ce film laisse la part belle à la revanche de l’individu tentant d'être reconnu et cherchant en même temps à se fondre dans la masse. Chacun a le droit de vivre sa vie, son rêve et ses espoirs. Un thème de saison avec l’actualité du mariage pour tous !
Voila pourquoi ce film fait valeur de référence sur la quête identitaire de l'individu face au monde.
Les deux actrices principales sont époustouflantes : Toni Collette et Rachel Griffiths habitent leur personnage. Le film qui s’annonçait pour simple midinette s’enflamme vite, sur fond de formidable bande son d’ABBA, en une comédie caustique, cruelle et débridée !
David Brejon


LE MARIAGE DE MON MEILLEUR AMI (1997)
de Paul John Hogan

avec Julia Roberts, Dermot Mulroney, Cameron Diaz, Rupert Everett, Philip Bosco, Rachel Griffiths…


Julianne (Julia Roberts) et Michael (Dermot Mulroney), après une brève liaison amoureuse lorsqu’ils étaient étudiants, ont choisi de rester amis. Leur amitié est si solide qu’ils se sont promis de se marier ensemble, si, à 28 ans, aucun des deux n’a trouvé l’âme sœur. L’âge fatidique approche quand Michael contacte Julianne pour l’inviter à son mariage avec Kimberly (Cameron Diaz). Julianne, piquée, décide alors de prouver qu’elle est la seule âme sœur de Michael et va tenter d’empêcher ce mariage malgré une Kimberly irréprochable et l’amour sincère qui lie les fiancés.

Sorti en 1997, "Le mariage de mon meilleur ami", ressemble à une banale comédie sentimentale… Mais il va bien au-delà. Il place alors Julia Roberts en égérie de la femme du XXIe siècle qui gagne son indépendance en renonçant au mariage parfait, non sans lutter ! En effet, son personnage ne veut rien lâcher : ni son indépendance, ni sa liberté, ni son métier, et encore moins son meilleur ami, toujours à ses pieds, qu’elle se garde au chaud depuis neuf ans, et qui lui tombera tout cru dans les bras quand l’heure aura sonné. Pour elle, le prince charmant n’existe pas, alors elle se contentera d’un « tocard insensible qui l’a adoré pendant 9 ans » et sur lequel elle pense bien avoir la priorité ! Malheureusement, il y a encore des filles faites pour le mariage, dociles et prêtes à sacrifier leur carrière pour leur mari. Et c’est contre l’une d’entre elles que Julianne va devoir se battre, en vain ! D’ailleurs, Rupert Everett, qui joue son ami gay George, lui sert un peu de Jiminy Cricket. Bien conscient du combat perdu d’avance qu’elle entame, il essaie de lui faire comprendre qu’elle n’est en fait là que pour une chose : dire adieu à Michael !
"Le mariage de mon meilleur ami" a été l’un des premiers à ouvrir la voie aux personnages de femmes torturées face au difficile choix entre mariage et indépendance, dans les films ou dans les séries TV : "Le journal de Bridget Jones", "Sex and the city", "Grey’s Anatomy"… Mais si "Le Mariage de mon meilleur ami" reste en mémoire, c’est aussi parce que l’héroïne est loin d’être parfaite : un vraie peste, égoïste et déterminée. Inoubliable aussi, la chanson « I say a little prayer » reprise en chœur par toute la tablée lors du repas d’avant mariage !
Loreleï Colin-Moreau

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CHAT NOIR, CHAT BLANC (1998)
d’Emir Kusturica

avec Branka Katić, Srdjan Todorovic, Florijan Ajdini…


En 1998, trois ans après sa deuxième Palme d’or, Emir Kusturica fait du mariage forcé l’un des thèmes centraux de son nouveau film, "Chat noir, chat blanc". L’importance de ce thème ne saute pas immédiatement aux yeux, tant la première partie du film prend davantage l’allure du film d’arnaqueurs ratés.
Comme tout film de Kusturica, "Chat noir, chat blanc" est un joyeux bazar qui oriente le spectateur vers une fausse piste avant de bifurquer, dans cet univers déjanté de mafia slave et de débrouille gitane, vers l’amour entre Zare et Ida, lesquels se frayent un chemin tant bien que mal dans ce chaos kusturicien.
Tout devient alors un jeu de cache-cache – ou plutôt celui d’un chat et d’une souris ? Le titre français est d’ailleurs trompeur car le titre original ("Crna mačka, beli mačor") devrait se traduire par « Chatte noire, chat blanc », titre dont les distributeurs ont préféré se passer, je vous laisse deviner pourquoi…

La jeune Ida est un personnage espiègle qui donne du fil à retordre à Zare en le laissant pédaler dans la semoule de ses tentatives de séduction pour encore mieux l’attirer dans ses filets (notamment dans une magnifique scène de course-poursuite amoureuse au milieu d’un champ). Mais tout se complique à cause d’un coup foireux de Matko, le père de Zare, qui se fait prendre au piège par Dadan, un gangster gitan du coin, amateur de cocaïne, de femmes, d’argent et de musique techno (le fameux « Pit Bull », titre culte de la BO).
Pour se racheter, Matko se voit obligé de promettre son fils en mariage à la sœur de Dadan, Bubamara (« Coccinelle » en serbe, qui donne aussi son nom à un autre thème phare du film), une naine caractérielle qui ne trouve pas chaussure à son pied – mais qui est tout aussi peu enthousiaste que Zare à propos de ce mariage imposé.
Cette noce devient alors une vraie mascarade et tout dérape progressivement, avec tous les ingrédients d’un délire jubilatoire, typique du réalisateur serbe : un vieillard à peine décédé dont le corps est conservé sous un gros glaçon pour ne pas retarder le mariage, un prêtre accro à l’héroïne (interprété par Miki Manojlović, acteur fétiche de Kusturica), des toilettes piégées pour une punition scato, une souche d’arbre en guise de déguisement pour une fugue de mariée…
C’est un peu comme un jeu de domino dans lequel le moindre incident provoque l’inattendu et l’invraisemblable, permettant une fin à la Kusturica, où « happy end » rime étonnamment avec « bang bang » ! Un mariage pétaradant, donc, et terriblement ensorcelant.
Raphaël Jullien


LES NOCES FUNÈBRES (2005)
de Tim Burton

avec les voix originales de Johnny Depp, Helena Bonham Carter, Emily Watson, Albert Finney, Christopher Lee...


Victor et Victoria ne sont pas les deux visages de l’héroïne du film éponyme de Blake Edwards, mais deux jeunes gens timides et forcés à un mariage de raison par leurs parents. Dans une atmosphère oppressante soulignée par un ciel toujours gris et des rues perpétuellement sombres, des personnages vêtus de noir se hissent difficilement le long de l’échelle de la vie, et cette union en perspective ne laisse aucune place à un quelconque bonheur.
Soucieux, malgré tout, de ne pas se prendre les pieds dans le tapis le jour de la cérémonie, Victor emprunte l’alliance et file s’entraîner à son allocution dans les bois, passant négligemment l’anneau le long d’une branche qui bientôt s’anime et se révèle être le bras décharné d’un cadavre de femme, engoncé dans une robe de mariée à moitié en lambeaux : involontairement, Victor a épousé une morte ! Comment va-t-il annoncer cette étonnante nouvelle à sa promise bien vivante ?

Tim Burton fait partie de ces cinéastes qui se méfient de la vie de famille et de l’institution du mariage, synonyme, dans leur jeunesse, de cohabitation parentale plus que d’amour, et de sentiment d’abandon (pour les enfants). On se souvient que le jeune couple de "Beetlejuice", heureux, mourait dans les cinq premières minutes du film.
Mais depuis, Burton a changé, Burton s’est marié, Burton a eu un enfant. Les couples bien portants de "Big Fish", "Charlie et la chocolaterie" ou "Frankenweenie" ont imposé sa vision d’une certaine joie de vivre en famille, vision entérinée par "Les Noces funèbres" et son duo naïf, forcément naïf, mais candidement amoureux.
C’est pourquoi il ne faut pas voir, dans la dichotomie entre la grisaille des vivants et la joie de vivre des morts, une opposition uniquement stylistique et moraliste : l’arlequin hétéroclite des cadavres est surtout une métaphore de la joie de vivre que peut apporter le mariage, s’il est d’abord et avant tout célébré dans l’amour et le respect de l’autre. N’est-ce pas lors des épousailles de Victor (avec la vivante ou la morte, peu importe : elles sont en réalité deux facettes d’un unique symbolisme féminin) que les morts, remontant à la surface, mêlent aux vivants leur enthousiasme stimulant ?
Moralité, et c’est Burton qui vous le dit, se marier est peut-être risqué, mais certainement pas mortel.
Eric Nuevo


MELANCHOLIA (2011)
de Lars von Trier

avec Kirsten Dunst, Charlotte Gainsbourg, Kiefer Sutherland, Charlotte Rampling, John Hurt, Alexander Skarsgård, Stellan Skarsgård...


En règle générale, les mariages sont soit une grosse poilade soit une bonne tranche d’ennui. Au cinéma, c’est à peu près la même chose, puisqu’on ne compte plus les comédies ratées sur le sujet.
Mais le mariage est également propice à un aspect plus dramatique, et lorsqu’un réalisateur comme Lars Von Trier décide d’en mettre un en scène, c’est un prétexte pour un long-métrage onirique et poétique sur fond apocalyptique.

C’est ainsi durant une journée pluvieuse de l’été 2011 que j’ai décidé de me réfugier dans une salle obscure pour découvrir "Melancholia", incroyable pépite romantique à la dimension métaphysique assumée. Après un prologue envoûtant, la sidération ne redescend jamais face à ce drame crépusculaire, intense et esthétiquement sublime. Magnifiant l’apocalypse avec une mise en scène étincelante, LVT transpose ses obsessions dépressives sur un tableau désenchanté de notre monde. Multipliant les registres et les significations, le cinéaste tire les ficelles de ce chef-d’œuvre avec une main de maître, dont même les polémiques le concernant ne peuvent effacer la qualité.
Epaulé par des acteurs au summum de leur art, Kirsten Dunst en tête, "Melancholia" fait partie, pour moi, de ces films qui deviennent immédiatement des classiques. Peu importe le nombre de visionnages, la stupéfaction reste irrémédiablement la même. Se terminant en apothéose, cette élégie cinématographique reste l’un des meilleurs opus de son auteur, et mon film de mariage le plus marquant, sauvant ma journée d’été en m’invitant dans un voyage initiatique auquel je ne m’attendais pas…
Christophe Brangé


MES MEILLEURES AMIES (2011)
Paul Feig

avec Kristen Wiig, Maya Rudolph, Ellie Kemper, Melissa McCarthy, Rose Byrne, Chris O’Dowd…


L’emballage est parfois trompeur. Si l’on ne connaît de "Mes meilleures amies" que le titre, l’affiche, le synopsis de base et le fait que le film scénario est cosigné par deux femmes, on peut s’attendre à la plus pure tradition des films de mariage hollywoodiens, avec leur lot de situations cul-cul la praline, de sentiments mielleux, voire de glorification de la tradition.
Plus précisément, on est même dans un sous-genre des films de mariage, encore plus typiquement américain : le film de filles et/ou garçons d’honneur (le titre en VO, "Bridesmaids", tout aussi peu original que le titre français, est d’ailleurs plus explicite sur le genre en question).

Mais dès la première scène, avec bruit d’orgasme féminin, discours d’amant ultra-machiste et mise en scène humoristique du désespoir amoureux de l’héroïne, on a tendance à se demander (c’est du vécu…) si tout ça est très adapté aux très jeunes filles en fleur qui sont dans la salle de ciné ! La surprise, en tout cas, est de taille car "Mes meilleures amies" réussit l’exploit d’être fidèle aux codes du genre et de les transgresser en ne s’interdisant aucun excès, y compris en dérivant vers le plus scato qui soit, lors de la désormais cultissime scène d’essayage de robes en pleine crise collective de gastro !
Plus le film avance, plus les personnages dévoilent leurs excentricités (la palme pour le personnage de Megan interprété par Melissa McCarthy, nommée aux Oscars pour ce rôle), ce qui n’empêche pas de développer aussi une belle histoire d’amour et un discours pas si gnangnan sur l’amitié. Un des sommets du film tient dans une scène qui est la fois touchante et hilarante : l’héroïne (magnifiquement interprétée par la coscénariste Kristen Wiig) tente de reconquérir son amant policier (l’excellent Chris O’Dowd) en multipliant les infractions en voiture devant ses yeux.
Au final, les actrices et scénaristes font preuve d’une remarquable autodérision au sujet du rapport des femmes à l’amour et au mariage. Sous un emballage aux allures classiques, cet humour décomplexé et décalé cache peut-être aussi un discours quasi-féministe. Quand on vous dit que les apparences cachent parfois plus de complexité qu’attendu…
Raphaël Jullien


ANOTHER HAPPY DAY (2012)
de Sam Levinson

avec Ellen Barkin, Ezra Miller, Ellen Burstyn, George Kennedy, Thomas Haden Church, Demi Moore, Kate Bosworth…

Histoires de famille décomposée. C’est le grand jour qui approche pour Dylan. Pour ses noces, il a convié sa mère dépressive, son petit frère drogué, son demi-frère avec un léger autisme, sa sœur aux pulsions suicidaires, sa belle-mère stripteaseuse, son père bourré de remords, ses cousins beaufs, ses tantes hystériques, sa grand-mère choucroutée et son grand-père en fin de vie…
Voilà un mariage qui promet… et un film qui tient ses promesses !

Pour le meilleur et surtout pour le pire ! Avec les années, le film de mariage s’est adapté à l’évolution des mœurs et de la cellule familiale. Les familles recomposées ont notamment pris place autour de la table des mariés. "Another happy day", premier film réalisé par le fils de Barry Levinson, s’est accaparé les joies et les douleurs de notre temps pour nous les condenser autour d’une union lors d’une journée que l’on appelle traditionnellement un jour de fête, un « autre jour heureux »…
Mais avec ce titre à l’ironie débordante, "Another happy day" ne fait pas dans la dentelle et la meringue ! C’est une guerre ouverte qui va avoir lieu. Entre règlements de compte, vérités jamais bonnes à dire, tout le monde en prend pour son grade dans une hystérie de joutes verbales jouissives qui nous font passer du rire au drame. Alors quelle mère mènera son fils jusqu’à l’autel ? Sa mère naturelle qui ne l’a jamais élevé (Ellen Barkin) ou sa belle-mère qui se prend pour sa mère naturelle (Demi Moore) ? Réponse dans le film !
Mathieu Payan

Et ils vécurent heureux et eurent beaucoup d’enfants ! Le mariage reste un événement inépuisable pour les scénaristes. Alors que la France vient de faire un pas en avant pour l’égalité en ouvrant le mariage aux couples de même sexe, il se pourrait qu’à l’avenir les scénaristes s’emparent de cet événement pour faire de nouveaux films de mariage... des films qui célèbrent finalement tous la même chose : l’Amour !

Mathieu Payan et la rédaction

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