DOSSIER

Affiche

LES MEILLEURS FILMS DE 2016 SELON GUILLAUME GAS


On voit d’ici les slogans qui ne manqueront pas de faire chauffer les réseaux sociaux bien plus qu’une photo hebdomadaire du postérieur de Kim Kardashian. En gros, « 2016, année pourrie », « Trop de morts durant cette année de merde », « Vivement 2017 qu’on reprenne goût à la vie », « J’en ai marre de rater toujours la cuisson de ma dinde », et j’en passe…
Tant et si bien qu’à première vue, il m’aurait personnellement été très facile de décalquer l’intro de mon Bilan 2015 pour entamer ces quelques petites réflexions. Mais l’heure n’est pas tant à la déprime qu’à l’inquiétude, et ce sur tous les domaines – politiques, artistiques, humanistes, hédonistes.
Si l’on retiendra 2016 comme une période sombre où l’actualité people aura vu bon nombre de décès mémorables (avec forcément un ou deux qui vous ont reconverti en orateur funèbre sur Facebook ou Twitter pendant plusieurs jours, n’est-ce-pas ?) et un futur tout sauf joyeux au niveau de l’actualité politique (oui, en mai 2017, la Croisette risque de trembler beaucoup moins que le pays entier…), son actualité ciné fut pour le moins… glaciale.

Photo2

Comme reliés de plein fouet à cette incertitude croissante, les films sortis cette année auront créé malgré eux un fossé purement qualitatif, empêchant souvent un jugement nuancé sur certains d’entre eux quand ce n’est pas carrément une taylorisation permanente de certaines productions (en particulier les blockbusters US) qui aura atteint ici un nouveau zénith de médiocrité. Entre la confirmation d’une franchise "Star Wars" ("Rogue One" en photo ci-contre) déclinée de façon annuelle (pour le meilleur… ou pour le pire ?) et l’overdose de franchises super-héroïques déclinées toutes les trois semaines (pour le pire… et pour le pire), on peut s’alarmer et finir par considérer que la prophétisation par Steven Spielberg de l’écroulement d’un système de production tout entier est sur le point de devenir une réalité.

Face à cette overdose, il n’y avait plus que le festival de Cannes, nanti cette année d’une sélection en tous points éclectique et prestigieuse, pour servir de soleil irradiant au beau milieu de la tempête. Points forts de cette chouette locomotive cannoise, des artistes comme Nicolas Winding Refn, Bruno Dumont, Park Chan-wook, Olivier Assayas ou Paul Verhoeven auront su perfectionner leur art, déroutant à plus d’un titre leur audience et prendre le pari de l’audace dans tous les domaines, quitte à dresser des passerelles entre des schémas cinématographiques que l’on pourrait croire incompatibles. Bref, tout ce qui manquait à de nombreux films cette année-là, en particulier une avalanche de comédies hexagonales bien nases qui nous auront vraiment… (pour cause de vulgarité excessive, la suite de la phrase a été censurée, merci de votre compréhension !)

Photo3

Au milieu de tout ça, signe d’une cinéphilie qui trouve toujours une consolation dans les petites salles de quartier où se cachent de potentielles pépites, il fallait parfois guetter les surprises là où elles n’étaient ni magnifiées ni médiatisées. Du côté des raretés injustement passées sous silence, deux artistes encore aujourd’hui inconnus du grand public – Lucile Hadzihalilovic et Philippe Grandrieux – auront confirmé avec leurs nouveaux films respectifs que le mot « expérience » avait encore un incroyable sens dans une salle obscure. Côté valeurs sûres, rien à redire : de moins en moins confidentiel d’un film à l’autre, le cinéma de Bertrand Bonello aura frappé particulièrement fort cette année avec un "Nocturama" (prodigieusement) audacieux et (inutilement) polémique (photo ci-contre), tandis qu’Hollywood n’aura pas été en reste avec les nouvelles claques de deux grands cinéastes toujours en aussi grande forme (le multi-oscarisé Iñarritu et l’ami QT). Du très grand cinéma, qui aura flatté autant l’intelligence du spectateur que sa faculté d’immersion au sein du médium.

Bref, pour faire court, merci à Cannes pour toutes ces émotions fortes… Merci à tous pour votre fidélité sur Abus de Ciné… Enfin en 2017 afin que la razzia cinéphile redémarre en fanfare…

TOP 10 films
1. The Neon Demon , de Nicolas Winding Refn
2. The Revenant, d’Alejandro Gonzalez Iñarritu
3. Evolution, de Lucile Hadzihalilovic
4. Ma Loute, de Bruno Dumont
5. Malgré la nuit, de Philippe Grandrieux
6. Mademoiselle, de Park Chan-wook
7. Les Huit Salopards, de Quentin Tarantino
8. Nocturama, de Bertrand Bonello
9. Elle, de Paul Verhoeven
10. Personal Shopper, d’Olivier Assayas

Photo4

FLOP 5 films
1. "Solange et les vivants", d’Ina Mihalache (photo ci-contre)
2. "Divines", de Houda Benyamina
3. "Le fils de Joseph", d’Eugène Green
4. "Les Visiteurs : La Révolution", de Jean-Marie Poiré
5. "À fond", de Nicolas Benamou

TOP 5 réalisateurs
1. Nicolas Winding Refn ("The Neon Demon")
2. Alejandro Gonzalez Iñarritu ("The Revenant")
3. Philippe Grandrieux ("Malgré la nuit")
4. Park Chan-wook ("Mademoiselle")
5. Olivier Assayas ("Personal Shopper")

TOP 5 acteurs
1. Leonardo DiCaprio ("The Revenant")
2. Nicolas Duvauchelle ("Je ne suis pas un salaud")
3. Viggo Mortensen ("Captain Fantastic")
4. Ryan Reynolds ("Deadpool")
5. Danny DeVito ("Le teckel")


TOP 5 actrices
1. Isabelle Huppert ("Elle")
2. Sonia Braga ("Aquarius")
3. Kristen Stewart ("Personal Shopper" - photo ci-contre)
4. Virginie Efira ("Victoria")
5. Paula Beer ("Frantz")

TOP thématique
Top 5 des meilleurs premiers films
1. "La Tortue Rouge", de Michael Dudok de Wit
2. "Jodorowsky’s Dune", de Frank Pavich
3. "Ma vie de Courgette", de Claude Barras
4. "La folle histoire de Max & Léon", de Jonathan Barré
5. "Deadpool", de Tim Miller

Révélation de l’année 2016
Raph (actrice androgyne du film "Ma Loute" de Bruno Dumont)

Guillaume Gas

Partager cet article sur Facebook Twitter